Le changement climatique est l’une des menaces les plus importantes du XXI^e siècle de par ses conséquences sociales, économiques et sanitaires. Sur un plan psychologique, il est par ailleurs source d’anxiété. Le concept d’eco-anxiété qui fait référence à ce phénomène est relativement récent et mérite des éclairages. Afin de l’explorer, une étude qualitative a été conduite auprès de 18 participants âgés de 19 à 48 ans, qui ont été conviés à des entretiens semi-directifs individuels ou en focus groups, qui ont fait l’objet d’une analyse thématique de contenu. Cette analyse a permis de mettre en évidence des symptômes variés qui se répartissent en six dimensions. Trois dimensions déjà évoquées dans la littérature ont été mises en évidence : des humeurs et cognitions négatives liées à l’anticipation des effets du changement climatique, de l’anxiété et des manifestations somatiques. Trois dimensions nouvelles ont également émergé des entretiens : une remise en question des choix de vie, un stress intense à l’évocation de la crise climatique et une évolution des relations aux autres allant vers un isolement et davantage de sélectivité relationnelle. Le versant psychopathologique de l’éco-anxiété, caractérisé par une exacerbation de certaines des dimensions symptomatiques identifiées dans cette recherche, pourrait se manifester surtout chez les individus qui n’ont pas de ressources suffisantes pour mettre en place des stratégies efficaces de régulation du stress. Une prise en charge de ce versant pathologique pourrait dès lors se concentrer sur différentes pistes thérapeutiques comme la diversification des stratégies de coping et un accompagnement autour des valeurs.

Climate change is one of the most important threats of the 21st century because of its social, economic and health consequences. From a psychological point of view, it is also a source of anxiety. The concept of eco-anxiety as it's known, is relatively recent and requires some clarification. In order to explore this phenomenon, a qualitative study was conducted with 18 participants aged between 19 and 48 years old. They participated in individual semi-directive interviews or focus groups, that were subject to a thematic content analysis. These analyses made it possible to highlight a construct comprised of a variety of symptoms that can be divided into six dimensions. Three dimensions that were already mentioned in the literature were highlighted: negative moods and cognitions related to the anticipation of the effects of climate change, anxiety and somatic manifestations. In addition, three new dimensions emerged from the interviews: questioning one's life choices, an intense stress experienced at the mention of the climate crisis and an evaluation of relationships with others towards isolation and more selective relationships. The psychopathological consequences of ecoanxiety, characterized by an exacerbation of some of the symptomatic dimensions identified in this research, could manifest itself especially in individuals who do not have sufficient resources to implement effective stress coping strategies. Therefore, treatment should focus on stress management (promote using different coping strategies), cognitive-emotion regulation (identifying dysfunctional thoughts and supporting values).